Le sculpteur se raconte aux enfants  
Journal de Cossonay du vendredi 19 septembre 2003 (BW)

A l'occasion de son exposition au château de L'Isle, Pierre Kuenzi, le magicien des "tapis volants" de bois sculptés et peints de couleurs vives, s'est entourés d'enfants pour leur transmettre son amour de l'arbre devenu, au fil des ans, un personnage qui occupe une place importante dans sa vie.

Le bois n'est déjà plus pour lui une matière qu'il travaille, mais un ami, un frère qui le tranquillise lorsqu'il a des soucis, à qui il se confie. Sans avoir besoin d'en faire un feu, le bois le réchauffe. Du reste. ne dit-on pas "je touche du bois" pour invoquer la réussite ou "j'ai de la veine"" pour expliquer un coup de chance? Pour Pierre Kuenzi, créer grâce au bois est donc synonyme de grand bonheur et les élèves des classes de L'Isle ont ainsi fait connaissance avec un artiste heureux. Ils se sont aussi familiarisés avec les trois sortes de bois qui servent de support à la création de l'artiste: l'ébène, bois rare, lourd et le plus souvent noir foncé, l'érable, plus clair et plus tendre, donc idéal pour être peint de motifs inspirés de textiles africains; le noyer, enfin, pour ses multiples veines qui donnent mouvement et circulation à ses œuvres. En près de 40 ans de compagnonnage avec le bois, Pierre Kuenzi a d'abord fabriqué des jouets pour les enfants, puis un millier de tableaux et réalisé 55 expositions. Tout ceci sans avoir planifié un cursus d'artiste. Il avoue avoir beaucoup de chance. Pour la présente exposition, il a travaillé jusqu'à 50 à 60heures par semaine, dans la paix totale de son atelier yverdonnois.

Les enfants ont terminé leur visite autour de la caisse des zèbres en route vers "la Terre promise" et Pierre Kuenzi leur a raconté l'histoire de ces pauvres animaux sans ressources, en marche vers un quelconque pays regorgeant de richesses, semblable au pays gorgé d'or de Crésus. Seuls les zèbres en tête du troupeau pourront toucher le pactole et connaître une vie meilleure. Les autres resteront sur la paille qui tapisse la caisse. Curieuse fable aux accents d'un réalisme criant et cruel! Georges Brassens a chanté: "Auprès de mon arbre, je vivais heureux, j'aurais jamais dû quitter mon arbre…" Souhaitons à Pierre Kuenzi de poursuivre son chemin  artistique en compagnie du bois et que chacune de ses créations lui demande, comme à Picasso, "30 secondes et toute ma vie", pour  son bonheur et pour le nôtre!

Eugène Guex avec le Dr. Mayor



Denens 1931



Frenières 1935-1938



L'Isle 1951